Voyageuse à moto : Margaux alias

Voyageuse à moto : Margaux alias "etonvaoùmaintenant" sur la Route de la Soie

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Explorer le monde à moto : en voilà une vaste entreprise. Ce qui nous passionne le plus ? Rencontrer les voyageurs et baroudeuses qui se sont mis en tête d'aller en découvrir les coins les plus reculés. Comme chacun d'entre eux a sa vision du voyage, nous leur donnons la parole dans une série d'interviews.

Dans cet article, Margaux (etonvaoùmaintenant) se prête à l'exercice. Au programme ? 33 000 km, 17 pays, 14 mois de voyage (dont 8 à rouler) avec le bel objectif d'arpenter la mythique route de la soie ! Rien que ça.

Séjournant au Kazakhstan au moment de cet interview, cette motarde baroudeuse au long cours revient sur son incroyable périple, ses moments forts et nous présente sa bécane. Bon voyage !

----> Tu peux retrouver son itinéraire détaillé sur Polarsteps

Bonjour Margaux, en Avril 2022, tu es partie pour un road-trip "Objectif : route de la Soie". Peux-tu nous présenter ton itinéraire, ses moments clés et le but de ce périple ?

Bonjour à tous! Effectivement cela fait presque 1 an que j’ai commencé mon périple, déjà. Je n’ai pas vu le temps passer depuis mon départ…

L’Asie de manière générale m’attire depuis des années et encore plus la partie centrale pour ses grands espaces et ses traditions nomades. J’ai toujours eu la bougeotte, depuis toute petite. Je crois que je me reconnais d’une certaine manière dans cette culture du nomadisme et puis la route de la soie m’a toujours fait rêver alors ça tombait sous le sens. C'est là-bas que j'irai !

Et on va où maintenant - Royal Enfield Himalayan

J’ai ainsi choisi de faire la partie Europe rapidement mais pas question de faire de gros raccourcis en bateau pour autant. Il faut savoir que j’ai passé mon permis moto juste avant ce voyage et POUR ce voyage. J’avais donc une expérience quasi inexistante en tant que motarde et je voulais avoir le temps de me familiariser avec ma moto avant d’arriver dans le cœur de mon voyage : l’Asie Centrale.

Au départ du sud-ouest de la France j’ai roulé vers l’Italie puis la Slovénie avant de descendre toute la côte Adriatique et de rejoindre la Turquie, exceptionnellement en bateau. Toute cette première partie du voyage, à deux avec mon père, m’a permis de prendre mes marques et de mettre en place une routine.

Après 5 semaines de voyage père-fille on s’est dit au revoir à Kusadasi à l’ouest de la Turquie et là, la partie en solo a commencé!

Tu as opté pour une Royal Enfield Himalayan, un monocylindre de 400cm³. Peux-tu nous présenter ta belle ? Quels sont ses qualités/défauts pour cette aventure ?

Bala kadam dite Bala est ma toute première moto. Pour la petite histoire, ce nom veut dire “baby step / à petit pas” en Kirghize. C’est comme ça que je vois et vis ma vie. Tout est possible, il faut juste y aller à petit pas, un pas après l’autre jusqu’à atteindre son but, aussi grand et fou soit l’objectif.

Je recherchais une moto pratique qui pourrait me suivre dans toutes mes aventures. L’ Himalayan n’est ni trop haute pour mon 1m70, ni trop lourde, ni trop “sophistiquée”. Elle est facilement réparable et maniable. C’est un vrai plaisir pour moi de la conduire quel que soit le terrain. Je cherchais une moto créée pour l’aventure et clairement elle est faite pour ça selon moi.

Et on va où maintenant - Royal Enfield Himalayan

Côté défauts, elle n'est ni très puissante ni très rapide. Pour monter des côtes il faut être patient mais je partais pour un voyage au long cours donc je n’étais pas pressée. C’est un monocylindre et elle vibre également beaucoup. Je ne le ressens pas forcément trop à la conduite mais les nombreuses vis qui se sont dévissées pendant mon voyage et mon problème de tendinite au poignet peuvent en témoigner.

Comment as-tu préparé ta moto ?

J’ai été bien aidée. Le monde de la moto m’était totalement inconnu donc je suis allée chercher de l’aide auprès de gens compétents. Ça a commencé avec mon père, motard depuis son adolescence. J’ai aussi rencontré Coraly, motarde et vendeuse chez Dafy Moto à Pau, Clément, mécano chez Honda à Bordeaux ou encore Florin et son équipe de mécaniciens chez Bike Avenue, Lons, le concessionnaire où j’ai acheté ma moto.

On a débriefé ensemble et chacun à leurs niveaux ils m’ont aidé dans la préparation de la bécane. Le plus gros du travail c’est mon père Daniel qui s’en est occupé avec Clément et Adrien (Chef d’atelier chez Bike Avenue).

D'ailleurs, quel est ton rapport à la moto ? Avais-tu envisagé ce voyage autrement qu'à bécane ?

Pour être honnête, la moto ne m’a jamais vraiment intéressée plus que ça. Ceci étant j’ai toujours plus ou moins vu mon père ainsi que mes oncles, férus de vieilles bécanes, toujours les mains dans un moteur. J’ai même assisté à leurs compet de trial au Mont Ventoux.

En me lançant dans ce voyage je voulais éprouver la liberté d’aller où je veux, quand je veux, comme je veux, être un oiseau libre en quelque sorte. Je savais également que j’allais dans une région du monde où j’aurais affaire à des terrains parfois très accidentés. Avec une moto on peut aller partout. On est exposés à tout, à la route, à la météo mais aussi aux gens, ce qui favorise les rencontres.

Ce véhicule s’est donc naturellement inscrit dans ce voyage pour ce qu’il apporte. Il est également le cœur de mon projet : la liberté et les rencontres. Avant même d’avoir mon permis A2 je n’envisageais pas la route de la soie autrement qu’avec une moto.

Et on va où maintenant - Royal Enfield Himalayan

Quels sont tes équipements de motarde pour ce voyage au long cours (casque, veste, pantalon, bottes, gants, autres)?

Pour l’équipement j’ai opté pour une veste et pantalon Touring/Adventure toutes saisons Ixon. Côté casque j’ai un Schuberth C5 modulable. Je n’étais pas forcément fan des modulables au début mais c’est génial ! Quand je m’arrête, j’ouvre mon casque et les gens que je rencontre voient alors un visage souriant et non une bulle fermée sans savoir qui se cache derrière, ça rassure.

J’ai des gants touring été Ixon, des gants hiver goretex Bering et maintenant également des gants chauffants (homme) Furygan. Partant longtemps entre l’Europe et l’Asie Centrale je savais que j’allais être confrontée à des températures très chaudes (+40°) et potentiellement très froides surtout vu les altitudes par endroit !

Côté bottes j’ai des TCX Drifter (homme). Je n’ai rien à redire sur mon équipement qui fait parfaitement son job depuis le début. A savoir que le choix d'équipement pour les femmes et ce type de voyage est assez limité…

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Et quel type de bagagerie as-tu ? Comment est organisé ton paquetage sur ta moto ?

Pour la bagagerie je n’ai que de l’équipement SW-Motech qui m’aide pour ce voyage. En 2022, à l’arrière j’avais 2 valises semi rigide SysBag 30, 1 sac Pro Rack sur le porte-bagage et 1 drybag de 35L sur la selle. Sur le dessus des sacs j’avais un sac polochon de mon père avec un sac à dos vide dedans (pour les excursions). A l’avant de la moto j’avais 2 drybag 80 et une sacoche réservoir magnétique Pro Daypack.

Comme toute première expérience on fait des erreurs et j’avais clairement beaucoup de “au cas où”. Il doit y avoir à peu près 50-55 kgs de bagages (tente, équipements mécaniques et poids des valises compris). Je savais également que je voulais raconter et partager ce voyage en photos et vidéos. J’ai donc aussi de l’équipement technologique (appareil photo hybride, gopro et ordinateur portable). Il était inconcevable pour moi de faire une croix dessus malgré le poids que ça rajoute.

Pour 2023 les valises SysBag 30 ont été remplacées par la nouvelle version, les SysBag 30 WP, plus souples et de composition différentes. Le sac pour les excursions a été laissé en France cet hiver. Le reste des bagages est plus ou moins inchangé même si j’ai fait le tri dedans. Dorénavant, je devrais rouler un peu plus léger.

Comment t'es-tu organisée vis-à-vis de ton travail et ta vie en France ?

Je suis “Lead Modeling” c’est-à-dire que je cogère une équipe de graphistes qui créent les décors 3D sur des long métrages animés. A la fin du dernier film sur lequel je travaillais en 2022 il me fallait attendre qu’un nouveau projet démarre. J’ai alors dit à mon entreprise de ne pas se préoccuper de moi, que je partais sur la route de la soie et qu’on en rediscuterait le jour il y aurait un nouveau projet… A suivre !

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Comment as-tu préparé ton périple ?

Je pense à ce voyage et j’économise en ce sens depuis très longtemps. Il a bien évolué avec les années mais l’envie d’aller voir ailleurs était toujours aussi forte. C'est impossible de tout prévoir et ce n’était pas le but, au contraire. J’ai alors réfléchi à mes objectifs principaux, à savoir : aller dans les pays en “stan”, en Mongolie et terminer ce périple à Vladivostok. En fonction de ça et des saisons j’ai ensuite établi un rétro planning et les grandes lignes d’un itinéraire sur le site “planificateur à contre sens”. Ça me donnait une idée d’une date de départ potentielle et d’estimer la durée de mes étapes. Une fois partie, j'ai surtout adapté en fonction de mes envies, de mes coups de cœur, de ma fatigue et de la situation géo-politique évidemment.

Quelques mois avant le départ j’ai commencé à apprendre le russe toute seule, puis avec une association. Clairement ce n’était pas assez mais je savais que quelques notions de russes m'aideraient en Asie Centrale. Je continue d’ailleurs d’apprendre toute seule chaque jour.

Avant le départ, j’ai fait une initiation à la conduite off road sur Bordeaux pour apprendre quelques bases et bons réflexes : comment relever ma moto, conduire debout... Je me suis rendue compte que j’adorais la conduite off road. Cela m’a encore plus conforté sur mon choix de partir à moto direction la route de la soie!

J’ai aussi pris des cours de mécanique avec Bike Avenue, Lons. Je voulais pouvoir me débrouiller un minimum pour les pannes et problèmes les plus courants. Je ne saurais pas comment réparer une autre moto mais au moins je connais un minimum la mienne : où se trouve le filtre à air, à huile, faire une vidange, enlever le réservoir, changer un pneu etc…

Quel type de route empruntes-tu ? Tu es plutôt branchée asphalte ou piste de terre ?

De manière générale c’est plutôt de l’asphalte tout en évitant les grands axes et les autoroutes. Je préfère mille fois aller me perdre sur une route de montagne que ce soit de l’asphalte ou… plutôt une piste, ce qui est souvent le cas à partir de la Turquie.

Pour ce qui est de vraies sorties off road c’est plus occasionnel même si j’aime beaucoup ça. Je ne me lance pas dans du tout-terrain en solo (sauf une ou deux fois en Géorgie et Turquie malgré moi). Je préfère être accompagnée par d’autres motards pour des raisons de sécurité principalement.

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Toile de tente, auberge de jeunesse ou hôtel, quel type d'hébergement privilégies-tu ? Es-tu plutôt à tout réserver à l'avance ou improviser au jour le jour ?

Je voulais être libre d’adapter mon parcours au gré des envies et rencontres. En ayant des réservations trop à l’avance ça aurait été impossible. Au début, avec mon père, nous réservions la veille pour le lendemain en préparant notre étape à venir. Après 1 semaine, on ne réservait plus. Le matin ou à la pause du midi nous cherchions simplement 2 ou 3 hébergements possibles pour l’étape du soir estimée, puis nous allions directement voir sur place à notre arrivée. Nous séjournions uniquement en hôtel.

Durant la suite du voyage, j’ai alors plutôt opté pour des hôtels pas chers ou chez l’habitant. Honnêtement après une journée à conduire, avoir un lit, une douche et un endroit calme est appréciable. Ceci dit j'ai ma tente et tout l’équipement de camping nécessaire (10kg dans une des valises arrières) au cas où je sois bloquée quelque part ou si le paysage m’invite vraiment à rester.

De France jusqu'en Turquie, tu as roulé avec ton père. C'était important pour toi de partager cette aventure avec lui ?

Lorsque j’ai décidé de me lancer dans ce voyage au long cours à moto, j'ai rapidement proposé à mon père ainsi qu'à mes oncles, de faire un bout de chemin avec moi. Je savais que ce serait une expérience assez incroyable et j’avais envie de la partager, particulièrement avec mon père. Je suis contente qu’il ait accepté. C’était 5 semaines assez folles et privilégiées entre père et fille. Je ne regrette pas une seconde même si les au-revoirs en Turquie ont bien évidemment été difficiles.

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Avais-tu déjà voyagé seule à moto auparavant ?

J’ai passé mon permis moto pendant le deuxième et le troisième confinement en 2021. Avec ces conditions, difficile de faire de grand trajet. Alors juste avant le grand départ, j'ai décidé de faire un mini road-trip de 3 jours. J'ai roulé jusqu'aux Bardenas Reales en Espagne avec Thomas, un ami motard. J’ai pu tester mon équipement et mes bagages en situation réelle et ça m’a permis de rectifier 2-3 détails.

Pour faire simple, j’ai entamé ce voyage sur la route de la soie avec même pas 3500 km d’expérience à moto dans les pattes. C’était mon premier voyage à moto, qui plus est seule.

Après avoir profité du Kirghizistan, tu es rentrée quelques mois en France durant hiver, c'était prévu ?

Pas de tout. J’avais prévu de rester tout l’hiver en Asie Centrale pour découvrir le vrai hiver froid et enneigé tout en continuant à voyager temporairement sans la moto. Malheureusement pendant mon voyage des douleurs au poignet droit se sont installées. Résultat: Tendinite. J’ai essayé de la soigner au Kazakhstan mais cela ne donnait pas vraiment de résultat. J’ai alors décidé de laisser ma moto dans le garage d’un club de motard à Almaty au sud du Kazakhstan et j’ai acheté un billet d’avion au départ du Kirghizistan. Après 2 semaines à voyager là bas sans la moto je rentrai en France quelques mois pour me remettre en état.

Ça m’a aussi permis de faire un premier bilan sur mon équipement. Ce qui avait manqué, ce qui était en trop, et de rectifier un peu tout ça pour la suite de l'aventure.

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Une femme à moto, ça suscite forcément la curiosité, non ? 

Ce n'est pas rien de le dire ! Effectivement être une femme à moto et qui plus est seule, ça interloque. On vient souvent rapidement à ma rencontre avec de grands yeux écarquillés et un milliard de questions au lèvres. Qui es-tu? Pourquoi es tu ici? Tu es seule? Tu n’as pas peur? C’est marrant après un bref échange et quelque soit la langue ça se finit souvent en “super girl” ou “crazy girl”...

Peux-tu nous raconter tes plus beaux moments, tes rencontres marquantes ?

Je crois qu’il n’y a pas un jour sans une rencontre marquante… En Turquie, alors que j’étais en train de faire une pause en bord de route, deux jeunes femmes sont venues me saluer. Un simple bonjour s’est transformé en invitation à boire le thé et de fil en aiguille… j’ai été hébergée dans la famille de l’une d’elle, Meltem, pendant 4 jours! J’étais dans l’un des plus petits villages de Turquie et personne ne parlait anglais, à part quelques mots pour Meltem. J’ai été accueillie à bras ouvert et même conviée à une fête de femmes puis une fête de fiançailles. C’était juste incroyable !

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En Russie j’ai rencontré des motards qui m’ont pris sous leurs ailes et qui m’ont ouvert la porte des clubs de moto, univers que je ne connaissais pas du tout. A la base je cherchais juste à faire la vidange de ma bécane. Au final je me suis retrouvée accompagnée et accueillie à chacune de mes étapes qui ont suivi, d’Ekaterinbourg en Russie jusqu’à Bishkek au Kirghizistan à plusieurs milliers de kilomètres de là ! J’ai alors découvert cette grande famille de motards et l’entraide incroyable qui était apportée aux voyageurs à deux-roues tels que moi.

Une autre rencontre a changé le cours de mon voyage. Au nord du Kazakhstan j’ai découvert grâce à la famille de motard un endroit magnifique, un eden au milieu des steppes: Borovoe. Là-bas des bikers m’ont encore une fois accueillis à bras ouvert. Je m’y suis sentie tellement bien que j’ai décidé d'y revenir après mes quelques mois en France pour voir cette région sous la neige. Ça ne devait durer qu’une semaine… et finalement j’y suis restée quasiment 2 mois au détriment du Kirghizistan, initialement prévu.

Une aventure au long cours est semée d'embûches. Peux-tu nous partager tes pires galères ou pépins mécaniques ?

Je touche du bois mais jusqu’ici tout s’est plutôt bien passé. Je n’ai pas eu de vraies grosses galères. Ceci dit j’ai une anecdote qui m’a coûté “cher” pour une bêtise. En Géorgie je voyageais avec Rémy et Linda, deux motards français. Alors que nous étions perdus en plein milieu de la pampa, ma moto semble ne plus vouloir avancer. J’ai beau mettre les gaz à bloc, elle bouge à peine jusqu’à s’arrêter en plein milieu d’une mini côte. Personne à l’horizon. La pluie se déchaîne pile à ce moment-là, évidemment, sinon ce n’est pas drôle. Heureusement une camionnette passe par là et vient me remorquer. Malheureusement, les garages aux alentours ne s’occupent que de voitures. Le garage moto le plus proche est à plus de 200 km, à Tbilissi. Xaco, le conducteur de la camionnette me propose alors de m’emmener là-bas moyennant argent bien sûr. Vu les conditions et l’endroit perdu, c'était l’option la plus sage. Une fois à Tbilissi il s’est avéré que c’était juste une simple vis trop serrée qui gardait l’embrayage en prise, sûrement le résultat d’une petite chute la veille en off-road… Cette vis m’aura coûté cher en dépannage mais c’est comme ça qu’on apprend, non ?

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Les autres galères mécaniques qui ont suivi ont à chaque fois été causées par les vibrations. Des vis se dévissaient et bloquaient d’autres parties de la moto mais ces fois-ci j’étais au courant et je savais quoi chercher en premier!

Il y a aussi eu les problèmes de fermetures de frontières. Pour rappel, en 2022 l'Azerbaïdjan avait ses frontières terrestres fermées, le Turkménistan aussi, et la Russie était très compliquée d’accès. Alors comment passer la mer Caspienne et aller en Asie Centrale ? Beaucoup de voyageurs que j’ai rencontrés ont dû rebrousser chemin. Il aura fallu faire des plans A, B, C et D et finalement mi-juillet la Russie a allégé les démarches pour passer les frontières terrestres. Je voyageais encore avec Rémy et Linda à ce moment-là alors ni une ni deux, nous avons envoyé nos passeports à Paris pour demander nos visas. Quelques semaines plus tard, nous avions nos laissez-passer. L’Asie Centrale nous ouvrait enfin les bras après plusieurs mois de doutes et d’incertitudes.

C’est aussi ça un voyage au long cours surtout post covid et avec les situations géopolitiques que l’on connaît actuellement. Cela demande d’être patient, un peu chanceux et surtout de toujours y croire.

16 000km parcourus en 5 mois , cela fait une moyenne de 104km/jour. Serais-tu adepte du slow travel ?

Je fais un voyage au long cours, j’ai donc le temps. Faire de la route pour de la route n’est pas un but en soi pour moi. J’aime m’arrêter, admirer, prendre des photos, rencontrer et discuter. Même si j’adore ma moto c’est un monocylindre. Je n’ai pas le confort de conduite d’un bi-cylindre et après 250-300 km je suis déjà bien vannée.

Je n’ai pas roulé tous les jours non plus, ce qui explique aussi cette moyenne journalière basse. Lorsque je rencontrais des gens ou des endroits qui me donnaient envie de rester, je le faisais. C’est ça le plus gros cadeau de mon voyage: la liberté de partir ou de rester au gré des envies sans être pris par le temps. Parfois je reste quelques heures, parfois quelques jours ou même une semaine.

C'est quoi une journée type pour toi ?

Une journée type? ça dépend tellement des pays. ! En Europe, Turquie ou Géorgie, de nombreux endroits à découvrir étaient proches les uns des autres. Les étapes étaient de l’ordre de 150 à 300 km par jour. En Russie ou au Kazakhstan, là c'est une autre histoire. Il y a de vrais no-man’s land alors les étapes sont plutôt de 400-600 km à travers des steppes à perte de vue sans aucun signe de vie. Quoiqu’il en soit je suis plutôt du genre lève-tôt. Que ce soit pour rouler toute la journée si l’étape est longue, ou pour arriver tôt dans l’après midi et avoir le temps de visiter un peu.

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"T'es une femme et tu voyages seule ?? C'est pas dangereux ?" Voilà une question qu'on a dû te poser souvent.

Clairement c’est LA question que tout le monde me pose, homme comme femme. Quand une femme décide de partir en voyage seule, son entourage est rarement enthousiaste, soyons honnête. L’une des principales raisons : la peur. Je pense que malheureusement toutes les femmes ont déjà connu un jour le sentiment d’insécurité et savent qu’elles doivent être plus vigilantes que leurs homologues masculins. Ce n’est pas juste mais c’est encore une réalité. Quand on me demande en voyage si ce n’est pas dangereux, si je n’ai pas peur, je réponds toujours que le seul endroit où je me suis vraiment sentie en insécurité dans ma vie, c’était… à Paris. Lorsque j’y travaillais, un homme m’avait suivi lors de mon jogging le matin très tôt. Mais je n'ai jamais eu cette impression au fin fond d’un pays étranger !

Voyager seule (ou seul d’ailleurs) et qui plus est à moto, attire beaucoup de gens mais surtout beaucoup de personnes bienveillantes, inquiètes et intriguées de nous savoir là. Prêts à nous aider. L’être humain est plutôt bien fait en plus. En sortant de notre zone de confort, notre cerveau s’adapte très vite, nos sens s'aiguisent et on apprend à ré-écouter notre instinct pour discerner les gens bienveillants des malveillants.

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Lorsque j’ai commencé à parler de mon projet j’ai eu différents types de réactions: la stupéfaction, l’admiration, l’encouragement mais aussi beaucoup de peur. Malgré mes 33-34 ans on me parlait souvent comme si j’étais une gamine ingénu. Que c’était dangereux pour moi, que je n’y arriverais jamais, moi, fraîchement A2, qu’avec le covid puis la guerre ce serait impossible, que je ne me rendais pas compte des risques pour ma sécurité, qu’il fallait décaler d’un an, que je n’aurais pas les capacités physiques ou mécaniques pour ce voyage, que je ne pourrais jamais aller en Asie Centrale les frontières étant fermées… et j’en passe. Comme si je n’avais pas conscience des risques ou que ce n’était pas moi qui préparais ce voyage !

Je n’ai jamais laissé les peurs des autres m'envahir, au contraire. Plus on me disait que c’était impossible et plus j’étais déterminée à prouver que c’était des conneries (désolé pour le terme). J’y arriverai, c’est à la portée de toute personne qui croit en son rêve et s’en donne les moyens.

Six mois plus tard j’avais parcouru presque 16 000 km. J'étais arrivée seule en Asie Centrale, j'ai fais des rencontres incroyables, vécu chaque jour avec une pure liberté, un pur bonheur et ce voyage n’est pas terminé…

Quels conseils donnerais-tu à une motarde qui hésiterait à se lancer à l'aventure en solo ?

Ce que je donnerai comme conseil, (quelque soit notre sexe) c’est de ne pas écouter la peur des autres et de mettre la sienne en sourdine. Elle doit être un guide bienveillant mais pas un frein. Bien sûr, des risques il y en a toujours, mais comme n’importe où. La magie opère en dehors de notre zone de confort et ça je peux le confirmer. Partez, vous ne le regretterez pas !

En voilà une interview pleine de sagesse et de positivité, le genre de récit qui te donne envie d'enfourcher ta bécane pour aller voir ailleurs si t'y es. Ce qu'on adore avec Margaux ? Elle maîtrise l'art de relativiser. Comme elle le dit si bien, un voyage au long cours « demande d’être patient, un peu chanceux et surtout de toujours y croire. » Rien à ajouter.

----> Tu peux suivre ses aventures sur facebook, instagramYoutube et son blog etonvaoumaintenant.com

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