Je participe au Raid moto de la Gibraltar race 2023 ! J12 & 13 (fin)

Enfin les deux derniers jours d'épreuves. Tu y croyais, toi, que j'arriverais aussi loin ? Personnellement, j'en ai souvent douté. Mais me voilà sur la ligne de départ de cette 11ème journée de course. La fin sera t-elle à l'image du reste du raid ? Péripéties, chutes, ascenseur émotionnel, cailloux et pistes piégées... la réponse est bien sûr, sinon ce ne serait pas la Gibraltar race ! Je te raconte tout ça :

Comment bien débuter la journée ? Avec une moto sans roues !

Et ouais, mes camarades d'aventure se lancent dans un changement de pneus de bon matin. Sur le principe, l'opération est plus que nécessaire, mais je commence la journée dans quelques dizaines de minutes. Le stress ! Cette bricole de dernière minute me turlupine tellement que j'en oublie mon téléphone. Je ne m'en aperçois que lors de la 1ère spéciale alors que je veux prendre une photo. Oups... Dans la même série de tuiles, je loupe une sortie sur l'autoroute. Trouver un endroit pour faire demi-tour me faire perdre de précieuses minutes. Ce qui me rassure ? Je ne suis pas le seul à me planter. Ouf, je ne suis pas bigleux.

Je m'en sors pas mal aujourd'hui !

Je débute donc la 1ère spéciale un peu sous pression. Étonnement, je la finis proprement, en passant tous les points de passage. Nickel ! Je boucle la 2ème spéciale rapidement avec tous les waypoints validés. Cerise sur le gâteau : je suis dans les temps ! C'est assez rare pour le signaler.

Quid de la 3ème épreuve ? Le bordel. Mon fond de carte ne s'affiche pas et je n'ai pas mon téléphone pour me sortir d'affaire. Avec seulement quelques bribes de tracés, il m'est très compliqué de savoir si je suis sur la bonne voie. Ma méthode ultime : la technique des pisteurs indiens. C'est-à-dire ? Je suis les traces de roue au sol. C'est la solution de la dernière chance, mais cela fonctionne au poil. Il faut dire qu'une vingtaine de motards ont bien balisé la voie (c'est l'avantage d'être bon dernier).

La 4ème spéciale est très longue. Plus de 50km. Encore une fois, je joue la sécurité en gardant en tête l'objectif final qui est de finir la Gibraltar Race en un morceau. J'ai depuis longtemps abandonné la course contre la montre. À mon rythme donc, je boucle honorablement cette spéciale.

En parlant de rythme, il ne faut pas oublier que nous roulons sur route ouverte

Et si pour ma part, je fais preuve de prudence, ce n'est pas le cas de tous. Comment je le comprends ? Quand je me fais engueuler comme du poisson pourri à la station essence ! Une habitante du coin me passe un généreux savon pensant que je suis le motard qui l'a frôlé à toute berzingue. C'est quand même particulier ce type de course, ne trouves-tu pas ? Lancer 40 motards à fond la caisse sur des chemins empruntés par tout un chacun avec tous les risques que ça implique. Pour l'instant, il n'y a qu'un incident à déplorer, on touche du bois.

Que retenir de ce 11ème jour de course ?

J'ai pris beaucoup de plaisir à rouler, et surtout j'ai pu apprécier toute la beauté des paysages traversés. L'aridité du désert de los Monegros, le charme des villages comme Sos Del Rey Catolico, sans oublier la fraîcheur des montagnes pyrénéennes. Un différentiel de température incroyable mais super agréable. J'ai même eu froid !

A t-on avis, quel est mon surnom sur cette course ? Le chat noir

Un sobriquet amplement mérité tellement j'ai la poisse. Preuve en est ce début de journée où je heurte l'unique grosse caillasse présente sur un passage à gué. Inévitablement, le paquebot T700 fait naufrage. Comble de ma chance, je chute dans l'eau côté échappement alors que je tombe habituellement sur la gauche. Résultat ? Le silencieux et la ligne se changent en aqueduc, alimentant généreusement la chambre de combustion. Le mélange air-eau n'explosant pas très bien, la moto ne repart pas. Il faudra tenter de démarrer une dizaine de fois avant que la Yamaha recrache tout ce qu'elle avait bu avec un beau panache de fumée à la clé. Accessoirement, un voyant moteur s'allume. Il s'ajoute à la longue liste des choses que je dois réparer sur la bécane.

Je continue. Bruno, par gentillesse ou par fatigue, m'accompagne sur la suite de cette journée. Avec seulement 76km d'offroad et 300 bornes au total, cette étape est très légère. Mais ? Il ne faut pas se relâcher car la fatigue est bien là en cette 12ème journée de course.

Après avoir croisé vaches, chevaux et moutons en liberté, c'est maintenant un troupeau de randonneurs que nous devons dépasser. Le souci ? Le dense brouillard des montagnes limite ma visibilité à 2 mètres. Quel calvaire ! De plus, le terrain archi-glissant complique encore davantage les choses.

Un café et un sandwich me redonnent les forces pour repartir sereinement. Frais comme un gardon, je repars à l'assaut des montagnes. Sauf que ? Je crève de l'avant. Quelle poisse !! Nous essayons la bombe anti-crevaison. Mauvaise idée. La fuite étant au niveau de la valve, le produit se répand partout. J'en ai plein les mains, c'est dégueulasse. Avec Bruno, nous nous lançons dans un changement de chambre à air en bonne et due forme. 40min plus tard, nous voilà repartis. Mais cette tuile nous plombe le chrono de la journée. La fatigue, la pluie battante, notre retard et une nouvelle erreur de navigation sur une liaison nous décident à éviter la dernière spéciale.

Et enfin, nous franchissons la ligne d'arrivée tant attendue !

L'aventure est terminée. Quel soulagement. L'accueil est génial. Après une session photo, c'est l'heure de la remise des trophées par catégories (mono, roues de 21 pouces, scratch, etc...). S'en suit un repas final riche en émotions avec les nerfs qui lâchent. Un très beau moment de partage et de convivialité.

Tu connais la meilleure ? Je comprends que tous les concurrents connaissent mon numéro de moto, le 34. Et pour cause, j'ai fait office de fermeur. Alors chacun surveillait ma moto pour savoir si le véhicule balai était passé. Trop drôle !

Après 12 jours d'épreuves et de nombreuses remises en question, je suis finalement arrivé au terme de cette aventure ! Je suis en un seul morceau, j'ai validé la plupart des points de passage et j'ai réussi à prendre du plaisir : mes objectifs sont remplis ! C'est en motard heureux que j'achève cette course. Ce que je changerais si c'était à refaire ? Mes axes d'amélioration ? Mon bilan général sur la Gibraltar Race ? Je te dis tout dans un prochain article.

Voici les épisodes précédents relatant ma participation à ce raid moto :

----> Je relève le challenge de la Gibraltar race : épisode 1 (Derniers préparatifs)

----> Je relève le challenge de la Gibraltar race : épisode 2

----> Je relève le challenge de la Gibraltar race : épisode 3

----> Je relève le challenge de la Gibraltar race : épisode 4

----> Je relève le challenge de la Gibraltar race : épisode 5

----> Je relève le challenge de la Gibraltar race : épisode 6